Paul

Paul et l’agraphie acquise

Son histoire

Paul était un écrivain passionné. Chaque soir, après son travail en tant qu’ingénieur, il se plongeait dans l’écriture de son roman. Les mots coulaient naturellement, comme s’ils avaient toujours été là, attendant d’être mis sur papier. Cependant, après un accident de vélo, Paul dû consulter des experts, notamment une neurologue. En effet, il avait de la difficulté à retrouver la forme des lettres et à les écrire correctement en majuscules ou en minuscules. Parfois, les lettres qu’il produisait ne ressemblaient pas à des lettres, elles ne pouvaient plus être identifiées. Le plus étonnant était que Paul pouvait écrire correctement s’il utilisait un clavier d’ordinateur ou s’il épelait les mots. Et il n’avait aucune difficulté motrice de sa main.

Inquiet mais résolu, Paul prit rendez-vous avec un logopédiste spécialisé dans les troubles cognitifs linguistiques. Le diagnostic tomba : agraphie périphérique acquise, due à une lésion cérébrale causée par l’accident. Son logopédiste lui expliqua que le chemin de la récupération serait progressif et nécessiterait de la patience et de la persévérance.

Avec son aide, Paul commença un programme de rééducation ciblé, comprenant des exercices de représentation mentale de la forme des lettres minuscules et majuscules, d’identification des lettres et de réapprentissage de la séquence abstraite des mouvements nécessaires à la formation des lettres. Comme le type d’agraphie de Paul n’entravait pas sa possibilité d’écrire en dactylographie, le logopédiste a convaincu Paul de poursuivre son roman en l’écrivant sur son ordinateur ou en le dictant via un logiciel de reconnaissance vocale.

Au fil des mois, les progrès de Paul furent notables. Ses premières lettres étaient encore écrites de manière hésitante et très lentement, Paul devant se remémorant leur forme avant de les écrire. Mais peu à peu, Paul parvint à automatiser ses apprentissages et son écriture manuscrite repris la forme et la fluidité qui était la sienne. Paul apprit à accepter ses limites tout en célébrant chaque petite victoire sur le chemin du rétablissement. Son roman, finalement achevé, fut dédié aux logopédistes et à tous celles et ceux qui luttent pour reconquérir leur capacité à exprimer leurs pensées.